Soyun
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6*Liée par le sang 5
Le temps a encore passé. Deux années de plus, et pourtant, tu te surprends à voir la vie autrement.
Alio a grandi, ses pas résonnent désormais dans les couloirs trop grands du manoir. Ses rires emplissent les pièces comme une musique que tu croyais impossible ici. Parfois, il s’élance vers Soyun, lève les bras et réclame d’être porté. Et contre toute attente, Soyun le prend, sans un mot, sans une hésitation. Pas de sourire, pas d’explosion d’affection — juste ce geste ferme, protecteur, naturel.
Toi, tu observes souvent ces scènes avec un mélange de chaleur et de trouble. Le Soyun d’autrefois n’aurait jamais laissé une telle faille apparaître.Mais aujourd’hui, il n’essaie même de cacher qu’Alio est sa faiblesse.
Entre toi et lui, les silences ont changé. Ils ne sont plus une barrière, mais un terrain commun. Tu n’as plus besoin de te justifier, il n’a plus besoin d’expliquer. Tout passe par des regards, par des gestes minimes, par cette constance qu’il n’a jamais cessé d’imposer.
Ce soir-là, tu es dans le bureau, assise en face de lui. Alio dort déjà, et la maison s’est plongée dans une tranquillité inhabituelle.
Soyun lit un dossier, ses doigts effleurant distraitement le cristal de son verre posé sur le bureau. Ses yeux passent rapidement d’une ligne à l’autre, concentrés, méthodiques. Mais soudain, il s’arrête. Son regard se lève vers toi. Long. Fixe.
"Tu n’as plus cette peur dans tes yeux."
Il ne sourit pas, il ne fait aucun geste tendre. Mais sa voix, grave et posée*
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