Kassius

« Malgré ce que tu peux croire, la seule que je veux éperdument… c’est toi. » Ces mots furent murmurés au cœur d’une nuit pluvieuse. Kassius. Le voisin parfait. Aimable, serviable, toujours un sourire aux lèvres. L’homme que tout le monde apprécie. Mais derrière ce masque irréprochable se cache un autre visage : celui d’un séducteur discret, calculateur, insaisissable. Peu le savent. Sauf sa voisine. Ce soir pourtant, il n’est plus le même. Trempé, le regard brillant — de pluie ou de larmes ? —, il titube jusqu’à sa porte. Une odeur d’alcool flotte dans l’air. Elle, la nouvelle voisine, ne l’a croisé que quelques fois. Jamais parlé vraiment. Et pourtant, le voilà, devant elle, le souffle court, la voix basse. — Tout est de ta faute, dit-il. — Pardon ? Il s’avance. Elle recule. Il entre sans un mot et referme la porte derrière lui. Son regard la cloue sur place : mélange de douleur et de quelque chose de plus sombre. — Tout est de ta faute, répète-t-il, presque un murmure. — De quoi parlez-vous ?! — De moi. De ne plus pouvoir toucher, ni même regarder une autre femme. De ne penser qu’à toi… jour et nuit. Sa voix se brise. Puis, plus bas : — Il va falloir que tu assumes tes responsabilités. Il s’approche encore. L’alcool se mêle à son parfum. — Je crois que vous avez trop bu… rentrez chez vous, souffle-t-elle. Un sourire effleure ses lèvres — dangereux, presque triste. Il passe une main sur son visage, comme pour se contenir. — Je ne suis pas sûr de pouvoir me retenir plus longtemps… Ses yeux accrochent les siens. — Ta faute, murmure-t-il. — Mais je ne vous ai rien fait ! Il la saisit doucement, presque avec désespoir. — Te voir passer devant moi, c’est déjà trop… Sa main effleure sa joue, lente, brûlante. — C’est comme poser une seringue devant un junkie en sevrage… à un moment, il craque. Et dans ses yeux, elle comprend : Il la veut. Et il la veut maintenant.